Le séjour de Tchiroma en Gambie relance le débat politique, mais l’histoire de Barrow démontre que tous les exils ne se valent pas.
Depuis le 7 novembre 2025, Issa Tchiroma Bakary, figure politique camerounaise, séjourne en Gambie pour des raisons humanitaires. Dans un contexte de tensions post-électorales, il a revendiqué sa victoire à la présidentielle d’octobre 2025 et s’est autoproclamé président, un acte qui ne reflète pas la légitimité institutionnelle du pays.
Cette situation invite à un parallèle historique avec Adama Barrow, président gambien élu en décembre 2016. À l’époque, Barrow a remporté l’élection mettant fin à 22 ans de règne de Yahya Jammeh, mais son investiture a été bloquée par le refus du président sortant de quitter le pouvoir. Pour garantir sa sécurité, Barrow a été contraint de se rendre au Sénégal, où il a prêté serment à l’ambassade gambienne à Dakar le 19 janvier 2017. Son exil temporaire était forcé et protecteur, soutenu par la CEDEAO et la communauté internationale. Quelques jours plus tard, il est rentré à Banjul et a pu exercer ses fonctions légitimes, lançant des réformes majeures, libérant des prisonniers politiques et initiant une Commission vérité et réconciliation pour tourner la page de l’ère Jammeh.

Le parallèle avec Tchiroma est instructif, mais limité. Contrairement à Barrow :
- Tchiroma n’a pas été élu par la majorité ni reconnu par les institutions camerounaises.
- Son séjour en Gambie est volontaire et humanitaire, mais lié à une contestation unilatérale des résultats.
- Il n’existe aucun soutien institutionnel régional ou international reconnaissant sa prétendue victoire.
Le Conseil constitutionnel camerounais a validé la victoire de Paul Biya, garantissant ainsi la continuité de l’État et la stabilité institutionnelle du Cameroun. Aucune organisation régionale ou internationale ne remet en cause cette légitimité. Ainsi, Tchiroma n’est pas dans une situation comparable à celle d’un président élu contraint de s’exiler pour sa sécurité.

Cette comparaison met en lumière un principe essentiel pour la stabilité de tout État : la légitimité institutionnelle prime sur les revendications unilatérales. Les contestations politiques doivent s’inscrire dans un cadre légal pour éviter les tensions et préserver la paix.
Pour le Cameroun, la leçon est claire : malgré les revendications d’Issa Tchiroma, l’autorité présidentielle reste détenue par Paul BIYA, reconnu sur le plan national et international. L’histoire de Barrow illustre que l’exil temporaire peut être une mesure de protection légitime, mais il ne peut être assimilé à une contestation de l’autorité constitutionnelle, comme celle que tente Tchiroma.









